L’intelligence artificielle transforme-t-elle le champ de bataille ?
Que ce soit en Ukraine ou à Gaza, l’intelligence artificielle renforce les capacités des belligérants dans des opérations variées : renseignement, logistique, ciblage, cyberattaques...
©Helsing
La guerre entre la Russie et l’Ukraine déjoue depuis bientôt 3 ans bien des prédictions concernant l’application de l’intelligence artificielle au champ de bataille. Il y a 10 ans, Peter Singer et August Cole annonçaient dans leur récit d’anticipation La Flotte Fantôme, une guerre en accéléré, où l’intelligence artificielle et les cyberattaques permettraient des actions extrêmement rapides et des ruptures stratégiques immédiates.
Dans le même temps, on rapportait que pour la doctrine russe les armes autonomes permettraient d’ « exclure le soldat de la zone d’immédiate conflictualité en le remplaçant par des unités robotisées », et d’épargner des vies.
Une guerre par procuration en quelque sorte... qui faisait pourtant planer la menace du « Pearl Harbor numérique » prédit par Neil Munro en 1995.
La réalité du terrain contredit ces scénarios.
Pourtant, l’usage de l’intelligence artificielle transforme bien les opérations militaires, de façon aussi spectaculaire dans le conflit ukrainien que dans la guerre menée par l’armée israélienne contre le Hamas et le Hezbollah.
De nombreux domaines d’application sont concernés et font entrevoir des changements profonds dans un avenir proche : renseignement, logistique, cyberdéfense…
Dans un ouvrage remarquable paru récemment, la chercheuse Laure de Roucy-Rochegonde appelle d'ailleurs avec vigueur et clarté l’importance de réguler ces usages militaires de l’IA.
De fait, ces technologies peuvent-elles servir à protéger nos démocraties face à des menaces exponentielles, en s’insérant dans un cadre de régulation abouti ?
C’est en tout cas le pari des plateformes d’aide au commandement développées en Europe pour améliorer la prise de décision. Notamment par la startup française Comand AI (fondée par Loïc Mougeolle & Antoine Chassang), et par la startup allemande Helsing.
Depuis 2018, les progrès de l’IA en matière militaire connaissent une accélération exponentielle. À tel point que les armées doivent d'abord intégrer les applications de l’IA, plutôt que de poursuivre la recherche fondamentale en la matière. « Selon moi, l’IA ne relève déjà plus du champ de l’innovation », témoignait ainsi le directeur de l’Agence Ministérielle pour l'IA de Défense, Bertrand Rondepierre, en avril dernier.
La version intégrale de mon enquête pour InCyber News :
https://incyber.org/article/intelligence-artificielle-transforme-champ-bataille/
L’ouvrage de Laure de Roucy-Rochegonde sur les enjeux de régulation de l'IA :
https://www.ifri.org/fr/livres/publications-exterieures/la-guerre-lere-de-lintelligence-artificielle