L’avenir de la guerre s’écrit-il déjà à Taïwan ?
(Et quelles conséquences cela peut avoir sur la BITD française)
Taïwan, un pays de 23 millions d’habitants dont le PIB avoisine 800 milliards de dollars), représente 60% de la production mondiale de semi-conducteurs et 90% de la production mondiale des semi-conducteurs avancés.
Lieu de refuge des nationalistes du Kuomintang après leur défaite, le pays constitue aujourd’hui un axe stratégique majeure pour le PCC, qui considère l’île comme une province sécessionniste.
Régulièrement, la Chine cherche à déstabiliser cette démocratie indépendante et semble entraîner son armée pour une invasion que les experts craignent à courte échéance.
C’est, sans surprise, l’un des lieux majeurs où se joue une « guerre froide » qui ne se dit pas entre la Chine et les États-Unis.
Mais un conflit frontale entre la superpuissance américaine et son challenger risquerait d’être extrêmement dommageable pour toutes les parties.
C’est pourquoi certains experts américains tentent de repenser intégralement leur doctrine de dissuasion, afin d’intégrer les leçons de la guerre en Ukraine et de l’appliquer à Taïwan.
En effet, l’armée ukrainienne, notamment grâce aux drones et aux nouvelles technologies de renseignement, ont su mettre en échec l’armée russe, considérée comme l’un des meilleures au monde.
Cette nouvelle asymétrie technologique favorise le plus faible face au plus fort, en rendant très coûteuse une invasion à grande échelle.
Dans une note récente, Kevin Schaeffer, du fond de défense et de renseignement américain In-Q-Tel, souhaite appliquer la même stratégie à Taïwan :
« Ces technologies pourraient jouer un rôle crucial pour dissuader une agression contre Taïwan. Face aux capacités croissantes de la Chine et à ses intentions affichées, une stratégie de dissuasion robuste et multifacette s’impose.
Cela comprendrait le déploiement de :
• Vedettes rapides armées de missiles antinavires
• Drones sous-marins et de surface capables de perturber les opérations navales
• Mines maritimes pour interdire l’accès aux zones stratégiques »
A cette fin, ce fonds créé en 1999 par la CIA, cherche à identifier toutes les startup dont la « capacité à repartir de zéro, l’agilité et l’ouverture à l’expérimentation leur confèrent des avantages uniques pour innover ».
L’expert conclut ainsi :
« L’avenir du conflit est déjà là. Il exige une stratégie fondée sur la dissuasion asymétrique et la capacité d’adaptation — une stratégie que les États-Unis et leurs alliés doivent impérativement adopter et remporter. »
Quand on sait que les USA vont investir 36 milliards de dollars dans les drones, on peut aisément concevoir que cette doctrine va avoir des conséquences immenses sur le marché de la défense.
En France, à quels conflits nous préparons-nous ? Quelles innovations finançons-nous ?
Quelle est la doctrine de l’Europe en matière de « dissuasion asymétrique » ?
Quelle sera la doctrine d’investissement des fonds de défense souverains qui s’élaborent actuellement ?
Seront-elle assez ajustées pour ne perdre aucune de nos technologies de pointe et faire face à la reconfiguration du marché mondial de la défense ?